Cet article s’adresse à mes cher(e)s « compatriotes » de la diaspora, ceux qui décident de sauter le pas, de braver leur peur de l’inconnu et de rentrer en Afrique.
C’est une décision faute de lourdes conséquences car c’est en soi un vrai CHALLENGE. Il est bon parfois de se demander d’abord, en tant que produit de la culture francophone, ce que nous connaissons aujourd’hui de l’Afrique et de ses réalités. La réponse est pourtant difficile à entendre, car nous comprenons finalement que nous ne connaissons: ABSOLUMENT RIEN !
Il faudra alors laisser tous nos préjugés et accepter de s’adapter à de nouvelles… Oh que dis-je ?!… à nos anciennes réalités. Parce qu’il ne suffit pas de continuer à appliquer « bêtement » le modèle occidental aux réalités quotidiennes africaines. Il faudra ne plus s’offusquer de ne plus voir des immeubles à tous les coins de rue, d’entendre les uns et les autres parler un français quasi incompréhensible avec des fautes d’orthographe toutes bêtes, d’entendre les uns parler fort sans se soucier du voisin, de voir certains ne pas respecter la vie des autres (parce qu’ici c’est l’excès de communautarisme), de voir les gens quasiment et tout le temps en retard, et j’en passe… EH OUI ICI C’EST L’AFRIQUE !
Alors beaucoup d’entre nous arrivent avec de grands projets et s’étonnent encore de constater le déroulement des choses. Plusieurs découragés repartent mais certains persistent et réussissent enfin.
Avant de commencer il faudrait que vous sachiez que tout projet initié en Afrique doit être mené différemment. Je vais partager quelques unes de mes petites anecdotes, qui à coup sûr vous aiderons à mieux orienter vos initiatives futures, pour les avoir testées moi même :
RÈGLE N°1 :
Je sais oh combien l’Afrique ressemble à de grandes pages blanches où on pourrait à loisir créer et réinventer les choses, mais ne vous trompez certainement pas !! Il ne faut absolument pas se jeter dans un projet que vous ne maîtrisez pas, aussi innovant soit-il. Il faut bien connaître le terrain et se documenter. La meilleure façon est d’observer par soi-même (via des séjours réguliers d’au moins 1 mois chaque fois) ou de confrontez les avis (vous vous rendrez alors rapidement compte de qui exagère ou pas). Informez-vous sur les même types de projets déjà initiés et essayez de savoir ce qui a marché ou pas afin de tirer vos propres conclusions. Ainsi, si vous prenez le temps d’analyser et de modérer votre élan, vous risquerez d’en apprendre beaucoup, de mieux mûrir votre projet et donc de faire le minimum d’erreur.
RÈGLE N°2 :
Si vous initiez un projet commercial, sachez élargir votre marché et ne pas vous limiter à votre pays d’origine. Sondez également les pays voisins à fort potentiel en matière de consommation. Pour ceux qui sont du Bénin comme moi, par exemple, apprenez à connaître le marché nigérian ou togolais. Ne rester pas sur des préjugés. N’hésitez pas à découvrir ces pays. Ne restez pas figés sur la barrière de la langue. Même si il faut être prudent, essayez de voir autour de vous qui peut vous aider à en savoir davantage sur ces autres marchés. Tentez l’aventure et vous ne serez pas déçus !
RÈGLE N°3 :
Documentez votre projet et établissez une feuille de route. Un peu de discipline commençant par soi même n’a jamais fait de mal. Ça vous aidera à mieux ordonner votre projet et à vous y référer en cas de besoin (même si vous avez une confiance totale en vous-même).
RÈGLE N°4 :
Ne déléguer votre projet à personne. Vous êtes le seul gestionnaire de votre projet et ce jusqu’au bout. Évitez de le confier à un ami, un frère ou autre… vous n’avez certainement pas les mêmes motivations. Il faudra donc se rendre disponible. Sauf au cas exceptionnel, mais alors vous devrez mesurer le risque et demander un suivi régulier auprès de la personne à qui vous avez confié ce projet
RÈGLE N°5 :
Redescendez sur terre et gérer votre projet selon les réalités africaines. La conscience du travail bien fait n’est pas notre fort en Afrique. Un projet peut aller très vite comme il peut aller très lentement. Il faut savoir s’adapter et ne pas trop s’offusquer. Un plan B et même C peut aider. Mais attardez vous vraiment sur le choix de vos partenaires. La confiance n’exclut pas le contrôle. Il faudra s’assurer de leur bonne moralité. N’hésitez pas à demander une copie de pièce d’identité, un certificat de résidence, à demander leurs références. Ca l’air un peu rudimentaire mais ça fera certainement fuir les plus fourbes. Celui qui a réellement envie de travailler ne s’offusquera pas si vous lui demandez tous ces détails. Aussi, si vous êtes sûr de la bonne moralité de quelques uns, demandez-leur de vous recommander d’autres personnes. En Afrique on est redevable lorsqu’un frère nous recommande et on évite de faire n’importe quoi. Aussi, il est parfois plus judicieux de prendre un prestataire régulièrement enregistré qu’il sera plus facile de responsabiliser. Ne faites pas l’erreur d’avoir recours à de simples ouvriers de l’informel parce que moins chers, peu qualifié et pas très souvent très consciencieux car vous pourrez alors avoir de très mauvaises surprises et perdre beaucoup plus d’argent. Ici est la clé de la réussite de votre projet.
RÈGLE N°6 :
Tout projet a besoin d’un minimum de cadre : budget, planification des dépenses, objectifs, chronogramme, conditions de travail (salaire + primes + équipements de travail)
La gestion des ressources est la plus difficile à mener en Afrique. Ceci comprend essentiellement la gestion de vos équipes (ressources humaines) et du matériel. Prenez soin de statuer dès le départ sur la rémunération de la prestation et sur les termes du contrat en cas de problèmes. Formalisez TOUT. Payez chaque avance en cash contre signature ou décharge. Et n’hésitez pas à sanctionner quand il le faut. Mettez le niveau de contrôle au maximum. C’est un peu jouer au gendarme, mais malheureusement il faut éviter de laisser la porte ouverte à toute forme de malversation, car il suffit d’une minute d’inattention pour laisser court à des actes immoraux parfois. Ça fera râler certains mais avec le temps il prendra le pas. Il faut démarrer avec de bonnes bases.
Il faut établir des règles : vos collaborateurs ont besoin d’une idée claire sur ce sur quoi ils s’engagent avec vous. Ils ont besoin de comprendre que vous n’êtes pas le genre de personne à tout laisser passer. Il faut être collaboratif mais ferme.
RÈGLE N°7 :
Mettez une marge minimum de 1 semaine pour chaque deadline. En Afrique, certaines choses insoupçonnées peuvent ralentir votre projet. Si vous avez de la marge, vous pouvez alors ne pas vous stresser à cause des délais.
RÈGLE N°8 :
Motivez vos équipes lorsque le travail avance bien. Une petite bière bien glacée ou même quelques sandwich, c’est une des considérations les mieux appréciées en Afrique. Ce n’est pas obligatoire mais ça crée la convivialité. C’EST ÇA TRAVAILLER EN AFRIQUE DIFFÉREMMENT.
RÈGLE N°9:
Acceptez dans votre tête que vous n’êtes au dessus de personne. L’HUMILITE est une qualité ESSENTIELLE en Afrique. Considérez que certains n’ont pas seulement le même niveau de réflexion que vous. Ils comprennent les choses différemment mais ils peuvent aussi vous en apprendre beaucoup. Donnez-leur la considération et le respect que chaque homme mérite et vous saurez toucher leur conscience. Acceptez d’être PATIENTS.
RÈGLE N°10 :
La dernière règle est simple : NE VOUS DÉCOURAGEZ JAMAIS. On ne peut pas exclure certains échecs, mais lorsque vous échouez demandez-vous ce qui n’a pas marché parce que vous en serez toujours le seul responsable. Mais surtout RÉESSAYEZ après avoir corrigé ce qui n’allait pas, même si ça vient de vous-même.
ALORS QU’ATTENDEZ-VOUS?
Bonjour,
Je suis un jeune diplômé béninois vivant en France et j’envisage de rentrer au Bénin sous peu.
Ton article m’aide à nourrir ma réflexion avec de nouvelles idées et du vécu.
Merci pour ton travail chère compatriote.
Cordialement,
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Bonjour Herman,
Je suis heureuse de savoir que cet article a pu d’aider dans ta réflexion. En effet, il faut bien peser le pour et le contre.
Merci pour ton commentaire et du courage.
Bien à Toi cher compatriote.
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Cet article est formidable car assez réaliste. Il faut respecter tous les points énoncés dedans. Je le valide d’autant plus que je vis en Afrique et j’ai participé à plusieurs projets associatifs et certains à but lucratif. Ce n’est pas facile du tout. Les deux obstacles majeurs mentionnés plus haut pourrait décider fondamentalement de la réussite ou échec de votre projet (les ressources humaines et le temps qui ne compte pas trop en Afrique)
Ensuite comme le dit la règle no 4 ne pas confier la gestion à un parent quel qu’il soit.
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Merci pour votre commentaire Boubacar et vos recommandations. N’hésitez pas à partager le lien vers le blog et à lire les autres articles, pou y apporter vos commentaires.
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Cet article est vraiment interessant et très pertinent. C’est souvent des choses que l’on sait mais dont on a plus conscience à cause du trop long séjour à l’étranger. L’Afrique peut paraître le farwest, mais c’est ce que fut les États-Unis à une époque. Rentrer est une nécéssité car les défis sont chez nous. Et entre présents, ou futurs potentiels « returnees » nous devrions vraiment créer une solidarité à travers ce genre d’articles car la cause est commune. Merci pour cette belle initiative.
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Merci pour votre commentaire. Oui les défis sont chez nous et c’est une cause que nous devons porter ensemble. Merci d’en être conscient.
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Bonjour, nous trouvons très intéressant votre article.Rien ne vaut le terrain pour faire aboutir concrètement son projet. Et des structures, comme KODJI Agency, répondent très bien à ce type de besoin. Visitez notre site pour plus d’informations : http://kodji.com/express-faisabilite-accompagnement/
Pouvons nous rentrer en contact avec les rédacteurs de ce site ? Notre contact : info@kodji.com
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Bonjour, merci pour votre commentaire. J’ai découvert votre site et votre structure. C’est formidable ce que vous proposez. Vous pouvez m’écrire par mail directement à tania.okanla@gmail.com. Merci et A bientôt!
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Bonsoir
Je trouve vos conseils intéressants.
Je suis journaliste originaire de la Mauritanie, je souhaite rentrer dans mon pays pour créer une radio privée. Ce projet est toute ma vie, je le prépare actuellement et j’espère la réalisation bientôt , car je ne me décourage jamais. Je suis conscient qu’un tel projet n’est pas facile, et surtout dans un pays comme le mien.
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Bonsoir Moussa,
Merci pour votre commentaire. Je ne connais malheureusement pas la Mauritanie aussi bien que beaucoup de pays africains, même si je connais certains mauritaniens. Mais du peu que je sais, je me risquerais à dire que le changement d’environnement social et les mentalités sont les détails sur lequel vous devriez le plus vous attarder pour évaluer la réussite de votre projet. Ce que je veux simplement dire c’est que le contexte compte beaucoup, peu importe l’idée qu’on apporte. Le relationnel compte aussi bien évidemment car il vous faut être bien entouré et pourquoi pas de personnes ayant fait le « Back to Africa » avant vous. N’hésitez pas à faire une étude approfondie du terrain, mais pensez aussi à sonder les besoins ailleurs qu’en Mauritanie, comme au Sénégal par exemple, où les opportunités ne sont pas non plus négligeables. Bien entendu, vous avez raison de ne JAMAIS vous découragez. Là est le vrai challenge.
Bon courage à vous et bonne continuations. N’hésitez pas à partager vos retours d’expériences.
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Bonjour chère compatriote,
En tant qu’africain et béninois, je suis ravi de voir que plusieurs personnes partagent ces points de vues auxquels j’ai toujours adhéré et que j’ai toujours défendu.
Bon courage à vous. Et n’hésitez pas à partager ce point de vue sur d’autres réseaux internet afin de partager ce résumé avec un maximum de personnes.
Un petit complément : il faut s’adapter pour réussir, mais ne pas hésiter à progressivement apporter sa contribution au changement positif des mentalités.
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Merci Hector pour votre commentaire et vos conseils
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Bonsoir Hervé,
Merci pour vos commentaires, conseils et encouragements. Heureuse de partager cet avis avec un compatriote.
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AfricanaAmazon
Je trouve vraiment génial votre vision des choses sur les possibilités développer l’Afrique qui n’est sans doute le retour des cerveau africains sur le continent.
L’Afrique doit être bâti par ses fils mais qui nécessite obligatoirement la conscientisation de la masse populaire, car c’est elle le véritable pilier du développement. La jeunesse doit être » armé de science jusqu’au dent » être productif pour lutter contre toute forme de fléau et d’oppression.
L’élite doit aussi tous faire pour cesser la « prostitution intellectuelle » et faire confiance à la jeunesse en l’offrant des opportunités de réussite.
To #Africanamazon
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Merci pour votre commentaire et heureuse de savoir que nous partageons la même vision. Vous l’avez bien dit « l’Afrique a besoin de ses fils »
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Qu il me sois permis de te remercier pour l initiative combien louable dont l Afrique moderne a besoin, j avoue par ailler que je suis très encouragé par les interventions des uns et des autres aux sujets de l entrepreneuriat des jeunes,quant a moi , suis un jeune R.D congolais;en fin d étude de business management en TUNISIE ,je suis hanter par l idée de rentrer au pays (rep dem du CONGO) entreprendre dans le secteur de transport vu que celui -ci me semble être géniteur non seulement des richesses et surtout d emploi pour les jeunes diplômés, le projet , c est de vendre les services des transports ;
aux entreprises( transport des agents)
aux particuliers(location véhicule ; mariage, corbillard, etc)
dans le transport en commun (taxi)
ainsi ; vos suggestions,vos critiques,vos compléments;vos conseils et surtout vos différentes expériences me seront d une grande aide. au besoin voici mes coordonnées :gabysangwa@gmail.com
cordialement
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Bonjour Gabriel,
Je te remercie pour ton intérêt et très heureuse de te savoir déjà engagé à entamer un retour vers le continent.
J’ai plusieurs amis originaires de la RDC et ce que je constate, pour la plupart de la diaspora, c’est qu’ils sont souvent déconnectés du pays. La plupart du temps, beaucoup ne sont plus rentrés chez eux depuis des années. Mais ce que je trouve fascinant c’est aussi leur facilité d’adaptation, celle à vivre ailleurs en Afrique que chez eux. J’en connais qui se sont retrouvés au Sénégal, au Bénin, en Côte d’Ivoire, etc.
En somme, avant de te répondre et de te conseiller judicieusement, j’aimerais déjà savoir si tu connais suffisamment ton propre pays? As-tu maintenu et entretenu un contact permanent ? Es-tu rentré régulièrement? As-tu mesuré par toi-même, en allant sur le terrain, les vrais opportunités et les vrais réalités? Le transport est effectivement un secteur porteur, mais il faut évaluer suffisamment le risque, le contexte pour trouver des solutions adaptées.
L’idéal est d’apprendre à se reconnecter progressivement et à développer un vrai réseau professionnel sur place. Tu peux commencer par de courts séjours de 1 à 3 mois, le temps d’analyser le marché et de bien mûrir ton projet… ou te jeter à l’aventure si tu sais prendre le taureau par les cornes et que tu as un mental d’acier.
Mais parce qu’on est aussi bien mieux chez soi qu’ailleurs, je t’invites vivement à sauter le pas. Il faudra accepter de prendre le temps de t’adapter. Il faudra rester focus sur tes idées et vraiment être prêt à beaucoup de patience, de tolérance et d’objectivité pour réussir.
Je gardes ton contact, mais tu peux aussi m’écrire à tania.okanla@gmail.com
Du courage et à bientôt!
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